En flânant rue de l'Horloge au coeur du centre ville d'Auxerre, on peut tomber sur cette statue de Marie Noel qui a des faux airs de Mary Poppins.. Le promeneur lambda découvrira ainsi l'existence de ce petit bout de femme à l'allure modeste qui aura vécu toute son existence dans la Préfecture de l'Yonne, ne la quittant que pour de très brèves périodes quand d'autress, écoliers dans les années 50-60 se souviendront subitement de certaines de ses "balades" apprises en même temps que les vers de Maurice Carême...
En fait, Marie Noel fut bien plus qu'une auteure de comptines gentillettes, puisqu'ayant produit en parallèle une oeuvre poetique majeure teintée de noirceur et de spiritualité qui lui assura une place enviée dans la République des lettres, étant considérée par ses pairs, qu'ils s'appellent Mauriac, Cocteau, Montherlant ou Aragon, comme la plus grande poetesse française de la première moitié du XXème siècle et qui ne feignaient en aucun cas leur admiration pour leur consoeur avec laquelle ils n'ont cessé d'entretenir une liaison épistolaire...
De son vrai nom Marie Rouget, elle naquit en 1883, dans le quartier de la Cathédrale Saint Etienne d'Auxerre au sein d'une famille aisée et très cultivée... Son père était agrégé de Philosophie et professeur au Collège de la ville. agnostique tandis que sa mère, Emile Barrat, issue d'une très ancienne famille de la région est croyante et pratiquante.
Marie Rouget grandit donc dans ce milieu de la moyenne bourgeoisie où les arts et la culture alimentent les discussions quotidiennes: on joue au piano comme on disserte sur Aristophane... Comme toute jeune fille de la bourgeoisie provinciale, elle devra faire ses humanités en suivant une scolarité dans l'enseignement secondaire mais pas au-delà... Généralement à cette époque, obtenir son "bachot" reste exceptionnel pour la gent féminine, plutôt destinée à trouver mari et devenir mère de famille (nombreuse)....
Pourtant, Marie Rouget restera célibataire et ne quittera que très rarement sa ville natale, a contrario de Colette, sa « payse » et contemporaine de Saint-Sauveur en Puisaye qui mena une existence bien moins sage et qui partit à l’assaut de la Capitale pour y connaitre la gloire littéraire ..tout en gardant toutefois son accent bourguignon…
On raconte souvent que Marie Noel fut hantée à jamais d’un amour déçu puis dans l’attente d’un grand amour qui ne vint jamais. Un drame familial marqua également sa jeunesse : la mort de son jeune frère, le lendemain de Noel (ce qui lui inspira son pseudonyme). Elle publia ultérieurement un très poignant récit dédié à ce frère disparu prématurément : « Poème pour un enfant mort »,
On la disait « autodidacte », écrivant d’abord plus ou moins en cachette avant de se lancer dans cette œuvre poétique foisonnante durant une soixantaine d'années, alternant comme nous l'avons dit entre une prose légère et une écriture empreinte de noirceur et d'une force émotive exceptionnelle, en outre marquée par une foi chrétienne qui hanta toute son oeuvre car la dame était une catholique pratiquante (elle se rendait à la messe tous les matins), voire un peu mystique tout en usant parfois d'un style blasphématoire afin de mieux pouvoir se repentir par la suite, c'est du moins ce que rappellent ses biographes ou autres exégètes....
Son oeuvre fut maintes fois couronnée par des prix prestigieux, dont le Grand Prix de la Poésie de l'Académie Française mais elle-même fut également décorée comme Officier de la Légion d'Honneur. Elle comptait parmi ses plus fervents admirateurs, le Général de Gaulle et sa femme Yvonne qui appréciaient son oeuvre.
D'ailleurs, le Président de la République lui rendit visite à Auxerre, un épisode que relatera d'ailleurs, non sans truculence la poétesse d'Auxerre: " En rencontrant le Général de Gaulle, j'étais sidérée de pouvoir le rencontrer, un peu impressionnée à tel point que je n'ai pas vraiment retenu ce qu'il m'a dit et sur le moment, il m'est apparu non pas comme un chef, mais plutôt comme un "péquenot", mais c'était assuremment un vrai homme".
Interrogée par Louis Pauwels et une équipe de l'ORTF en 1959, Marie Noel dont ce sera problablement une des seules apparitions télévisées semble à l'aise avec ce nouveau média encore balbutiant qui n'allait pas tarder à s'imposer dans les foyers, tout en proposant déjà des émissions littéraires de qualité comme "Lecture pour tous" du tandem Desgraupes-Dumayet ou les émissions de Max-Pol Fouchet (qui mourra d'ailleurs à Vézelay, au coeur de cette terre Icaunaise).
On voit la poétesse flâner dans les rues jouxtant la Cathédrale d'Auxerre (dont elle sort après un office) pour retrouver son frère puis son biographe Raymond Escholier et nous faire découvrir son domicile surnommé "la Maison du diable".... qu'elle n'a pratiquement jamais quitté sinon pour se rendre parfois dans la maison familiale située dans la campagne Auxerroise...
Autant consciente de son empreinte qu'honorée de son vivant (même si certains la croyait déja morte, comme elle s'amuse à se rappeler lors de son entretien télévisé, avouant recevoir chaque jour un abondant courrier tout en entretenant elle même une longue et fructueuse correspondance avec certains de ses contemporains, elle tient à saluer ses nombreux admirateurs anonymes....
Marie Noel a donc atteint une gloire littéraire sans avoir eu à fréquenter les salons mondains de la Capitale ni s'inviter sur les plateaux télés, elle qui pouvait apparaitre comme une simple et vieille fille bigote d'une ville de province a donc trouvé une petite place discrète mais enviée au sein de la République des lettres.
Pratiquement aveugle, elle disparait le 23 décembre 1967 à l'âge de 84 ans, deux jours avant Noel (décidément), léguant ses biens et son oeuvre à la Société Savante de l'Yonne qui continue à entretenir sa mémoire.....
"Je voudrais mourir dans un jardin, dans le soleil de l’été, sans que personne le sût, comme les fleurs qui se fanent et se défont au vent sans êtres obligées de retourner dans le noir de la terre".
Marie Noel, "Petit Jour"
"Solitude au vent, ô sans pays, mon Île,
Que les barques de loin entourent d’élans
Et d’appels, sous l’essor gris des goélands,
Mon Île, mon lieu sans port, ni quai, ni ville,
Mon Île où s’élance en secret la montagne
La plus haute que Dieu heurte du talon
Et repousse… Ô Seule entre les aquilons
Qui n’a que la mer farouche pour compagne.
Temps où se plaint l’air en éternels préludes,
Mon Île où l’Amour me héla sur le bord
D’un chemin de cieux qui descendait à mort,
Espace où les vols se brisent, Solitude."
Marie Noel "Chants d'arrière-saison"
MEMOIRES D’OUTRE-JUINE
Lundi 11 juin 1979: ce jour-là disparait à l’âge de 72 ans un géant d’Hollywood: John Wayne. Le solide cowboy, fumeur invétéré et grand buveur devant l’éternel, véritable héros des westerns mythique de John Ford a donc tiré sa révérence de l’autre côté de l’Atlantique…. Le cinéma mondial perd donc une de ses légendes et l’évènement est largement commenté dans les médias…
Ce même jour, en France, dans le village beauceron de Méréville (Essonne) où il avait vu le jour 60 ans plus tôt, Jean-Louis Bory, un ardent défenseur du cinéma d’auteur choisit de quitter un monde qu’il ne supporte plus, victime d’une grave dépression.
La nouvelle de sa disparition brutale est relatée dans les médias le lendemain, provoquant une grande émotion : le critique cinéma du « Nouvel Observateur » était surtout connu pour ses joutes oratoires avec Georges Charensol, des « Nouvelles littéraires » lors de l’émission légendaire de France Inter : « Le masque et la plume », émission créée en 1955 par François Régis Bastide et Michel Polac sur « Paris-Inter » et qui est toujours diffusée chaque dimanche soir à 20 h 05 , sur la « première radio de France » : France Inter……
Quelques temps avant de se suicider et après une courte période de rémission au début de l’année 1979, Bory avait « rechuté » et en avait d’ailleurs fait part à François Régis Bastide……
Il était arrivé dans l’émission en 1964, devenant un ardent défenseur du cinéma d’auteur alors qu’il fustigeait le commercial : Godard contre Oury, en somme….
Mais l’homme engagé qu’il était possédait plusieurs cordes à son arc : romancier, scénariste et enseignant. Romancier, il l’était devenu à la libération en publiant son premier ouvrage : « Mon village à l’heure allemande » qui narrait l’attitude (pas vraiment glorieuse) de ses « pays » durant l’occupation. Méréville devenait Jumainville (et Etampes : Fignes). Le roman ne plus pas à tout le monde sauf au jury du Goncourt qui lui décerna le Prix éponyme. A 26 ans, Jean-Louis Bory devenait le plus jeune lauréat de l’histoire et l’est toujours….
Vendu à plus de 500 000 exemplaires, il permit au jeune enseignant de pouvoir racheter la maison de ses grands-parents « la villa des ifs » vaste propriété sur les bords de la Juine qu’il rebaptisera « La Calife » et il partagera le reste de son existence entre le quartier latin et ce bout de terre natale dans lequel il choisira donc de mettre fin à ses jours….
Ce premier succès littéraire fut un coup de maitre mais ne fut pas renouvelé par la suite, ce qui provoqua certainement une frustration pour son auteur malgré une notoriété grandissante dans d’autres domaines…
Il était donc né le 25 juin 1919 à Méréville, chef-lieu de canton alors en Seine et Oise, à égale distance de Paris et Orléans, au cœur de la fertile Beauce…Son père, Louis était un pharmacien quelque peu excentrique qui tenait son officine non loin des Halles (jumelles de celle de Milly la Forêt et Arpajon) et sa mère Jeanne, était la directrice de l’école des filles
Jeanne et Louis donnèrent donc leur prénom composé à leur fils aîné, faute de l’avoir appelé Denise, comme le relate Bory dans son ouvrage à succès « Ma moitié d’Orange » car sa mère espérait avoir une fille….
Le petit Jean-Louis aura un frère cadet, Jacques, qui deviendra Médecin qui sera comme son ainé un élève très brillant : lui plutôt dans les matières littéraires tandis que son frère excellera dans le scientifique. Les deux fils du pharmacien cumuleront les prix d’excellence comme le narre encore le Prix Goncourt 1945 dans « Un prix d’excellence » ouvrage autobiographique qui sera d’ailleurs publié post-mortem….
Il accompli sa scolarité au Collège Geoffroy-Saint-Hilaire d’Etampes (aujourd’hui : Jean-Etienne Guettard) comme le fera plus tard Georges Perec, futur prix Renaudot…. Après une Khâgne à Henri IV à Paris, il échoue cependant au concours de Normale Sup mais réussira malgré tout l’agrégation de lettres….
Après avoir rempli ses obligations militaires durant la « drôle de guerre », il participera à la Résistance en rejoignant les maquis de l’Orléanais….
Son premier poste d’enseignant est loin de sa terre natale, plus précisément à Haguenau, petite ville alsacienne où il se sent un peu en exil avant de rejoindre le nouveau lycée pilote de Montgeron (Seine et Oise, actuellement Essonne), annexe de son ancien lycée Henri IV…
Outre les lettres, il y donne également des cours de théâtre et sera un professeur adulé par ses élèves, il monte d’ailleurs des spectacles de fin d’année et se liera d’amitié avec plusieurs de ses collègues. Il continuera ensuite sa carrière au Lycée Voltaire à Paris avant d’être contraint de terme à sa carrière d’enseignant en 1961….
UN MILITANT
Jean-Louis Bory se définira comme un « intellectuel de gauche », d’abord approché par le Parti Communiste, il n’en deviendra pourtant jamais membre mais sera l’acteur de la plupart des combats chère à cette gauche française de l’époque comme le pacifisme, la fin de l’anticolonialisme et le tiers-mondisme. Mais en signant le manifeste des 121, il est provisoirement suspendu en 1957 avant de démissionner en 1961. Ayant tâté du journalisme dès le mitant des années 50 notamment à Arts, l’Express puis le Nouvel Observateur avant de connaître une certaine notoriété avec « le Masque et la Plume » en 1964 où il deviendra un militant actif du « cinéma d’auteur », défendant les Duras, Pasolini, Godard, Loleh Bellon et fustigeant le cinéma commercial à la « papa » des Lautner, Oury ou Audiard, avec une certaine pointe de sectarisme que finira par lui reprocher le journal qui l’emploie.
Un sectarisme léger qu’il n’avait absolument dans ses affinités intellectuelles : lui l’homme de gauche admiraient des hommes de droite comme Jacques Chardonne ou fréquentaient aussi bien Jean d’Ormesson que Louis Pauwels ou encore François Nourissier qu’ils invitaient à la « Calife », lieu propice aux « joutes intellectuelles » non loin de la paisible Juine….
Car l’homme Bory était comme ça : entier.
Mais dès la fin des années 60, avec son ouvrage « La peau des zèbres » puis dans son ouvrage à succès « ma moitié d’orange » (1973), il devient un précurseur en matière de « Coming out », révélant ainsi son homosexualité non sans un certain courage à une époque ou elle constituait encore un délit (qui prendra fin en 1981 avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, ce qu’il ne pourra savourer). « Bory, en voilà une qui en a » plaisantait alors Guy Bedos.
Le critique littéraire et de cinéma continuera à revendiquer sa différence dans les médias, poussant parfois jusqu’à provocation comme sa photo de lui torse nu au côté de son compagnon… Il sera ainsi de tous les combats pour la reconnaissance des homosexuels…
D’ailleurs, ce militantisme ne passera pas toujours comme une lettre à la poste, si l’intelligentsia approuva, il n’en fut pas toujours de même pour une certaine opinion publique, le critique cinématographique essuya parfois de nombreux insultes et quolibets fort peu aimables à son endroit…
LE MASQUE ET LA PLUME
Il y avait deux faces dans la personnalité de Bory : d’abord le masque : l’intellectuel truculent de Saint Germain des Prés qui s’était fait un nom dans les médias et le personnage solitaire de Méréville que ses compatriotes imaginaient (selon ses propres dires) comme «n’ayant comme occupation que celle de lire et écrire », puis la plume : celle qui ne la jamais vraiment quitté : une carrière d’écrivain commencée en trombe avec le Goncourt mais jamais reconfirmée par la suite, sans doute rêvait-il d’être à Méréville ce que Giono fut à Manosque : son grand récit local fut contrarié par des succès plus modestes, à l’exception d’ouvrages autobiographiques comme le « Pied » écrit comme un canular ou encore « Ma moitié d’Orange » .
La télévision lui permit de connaître quelques belles réussites comme les adaptations de « D’Artagnan amoureux » ou encore le mémorable « Vipère au poing » ….
Mais c’est bien la radio qui le fit rentrer dans l’histoire, il devint le truculent maître penseur du « studio 104 » de la Maison de la Radio et beaucoup d’auditeurs dominicaux du « masque et la plume » ne l’ont d’ailleurs pas oublié tel François Morel qui l’a ressuscité sur le temps d’une pièce de théâtre avec son meilleur « contradicteur » Georges Charensol, interprétés par Olivier Broche (Bory) et Olivier Saladin (Charensol)….
Mais la lumière des projecteurs fut aussi ternie par un mal-être persistant chez Bory, qui à la vérité, ne s’aimait pas (ce qui est souvent le propre des écrivains) et faire le « gugusse » lui permettait d’être un palliatif à ses blessures de l’âme qui prirent brusquement le dessus dans les deux dernières années de sa vie… D’après son biographe Daniel Garcia, l’auteur de « mon village à l’heure Allemande » souffrait d’une neurasthénie latente depuis l’enfance, cachant un écorché vif qui ne supportait pas les trahisons et qui fut affecté certains départs comme celui de sa mère qui disparaîtra deux ans avant lui….
C’est vrai, un jour, on ne l’entendit plus le dimanche soir au « masque et la plume » à partir de 1978, puis il y revint quelques semaines, le temps d’une « rémission » mais il avait confié au producteur de l’émission, François-Régis Bastide qu’il ne réussissait plus à sortir du tunnel dans lequel il s’était engouffré au fil du temps….
On connait la suite, un soir précédent l’été, l’homme tira sa révérence en se tirant une balle dans le cœur….
Cette année, Jean-Louis Bory aurait eu 100 ans. Jérôme Garcin, producteur du « Masque et La Plume » depuis 1989 (et journaliste à l’Obs, comme Bory) lui a rendu hommage en rappelant à l’antenne les 40 ans de sa disparition afin que nul n’oublie celui qui fit les « grandes heures » de l’émission….
Celui qui fut « La voix du Sud Essonne » a désormais un compatriote au « Masque » en la personne de Michel Crépu, natif d’Etampes, critique littéraire et directeur de la mythique NRF
(Et qui fut provisoirement prof de Français de l’auteur de ces lignes au lycée Geoffroy-Saint-Hilaire, ndlr) ….
Le souvenir de Bory ne s’est pas éclipsé à Méréville, une rue de la commune porte même son nom, c’était la moindre des choses pour saluer « l’enfant du pays » qui repose à présent dans le caveau familial du cimetière communal….
Un village au fin fond de l’Ile de France qui inspira d’autres écrivains comme Cendrars qui y résida ou encore Jean-Jacques Rousseau mais qui peut se targuer d’avoir été le sujet principal d’un Prix Goncourt, ce n’est pas donné à tout le monde……….
Alfred Jarry , Corbeil 1898
En 1897, Alfred Jarry, accompagné d’un couple d’amis, les Valette, s’installe à Corbeil, dont la région est un lieu de villégiature fort apprécié des Parisiens…mais également de la Bohème littéraire, ce qui a certainement incité l’auteur de «Ubu roi» à venir s’y installer: Alphonse Daudet réside avec son épouse à Champrosay, écart de la commune de Draveil, située sur la rive droite du fleuve et qui reçoivent les frères Goncourt qui eux ont une résidence à Barbizon (Seine et Marne)….
Le trio s’installe dans une maison (qui existe toujours) située quai de l’Apport Paris, non loin des Grands Moulins avec le dessein d’y créer une «communauté», d’ailleurs la maison est d’emblée baptisée «le Phalanstère».
A cette époque, Jarry est déjà une sommité dans la République des Lettres, il a créé le personnage d’Ubu, inspiré d’un de ses professeurs souffre-douleur au lycée de Rennes où il effectuera sa scolarité secondaire avant d’échouer le reste de ses études supérieures (il rate plusieurs fois le concours d’entrée à Normale Sup et la licence ès lettres).
Né à Laval (Mayenne) en 1873 et mort à Paris en 1907 de la tuberculose, celui qui fut un esprit brillant mais rebelle, aimant la provocation et le loufoque, notamment lorsqu’il énonça son «Traité de Pataphysique», science des «solutions imaginaires» et qui fera des émules un demi-siècle après en la personne de Raymond Queneau ou Boris Vian qui créèrent même un «Collège de Pataphysique» ….
Jarry est certainement un «punk» avant l’heure, sa devise pourrait bien avoir été «no future» sachant que son existence serait de courte durée, au vu de ses nombreux excès, dont une consommation excessive de l’Absinthe, «la boisson qui rendait fou».
Entre temps, Il côtoie Franc-Nohain, ancien cadre de la Préfectorale, parolier et chansonnier réputé et père de l’animateur Jean Nohain («trente-six chandelles») et de l’acteur Claude Dauphin (qui voit le jour dans la ville des Grands Moulins en 1903) et qui vient passer des vacances dans la sous-préfecture de Seine et Oise.
Amateur de bicyclette, de pêche et de tir aux oiseaux, il ne tarda pas à devenir «l’homme par qui le scandale arrive» s’attira les foudres du voisinage et des autorités compétentes qui l’obligeront à quitter les lieux au début du XXe siècle pour créer une nouvelle «communauté» à la Frette sur Seine (Val d’Oise).
Visiblement nostalgique des lieux, l’auteur d’Ubu y reviendra pour tenter d’acheter une propriété à Corbeil mais sa mort prématurée, à l’âge de 34 ans mettra un terme à ce projet…….