La Terre tremble..

Editorial du 9 février

Trois jours après la terrible vague successive de séisme d’une magnitude de 7.8 sur l’échelle de Richter, survenue entre le sud de la Turquie et le nord de la Syrie, le sinistre bilan des pertes humaines ne cesse de croître, dépassant aujourd’hui les 20 000 victimes (dont un quart en Syrie) et tout ceci reste provisoire…


Généralement, on estime qu’au-delà de soixante-douze heures de recherche, si l’on pas extraie des décombres, 90 % des sinistrés, les chances de survie s’avèrent de plus en plus minces voire nulles.
Néanmoins, quelques miracles se produisent, tel ce sauvetage d’un nourrisson mis au monde au moment de la première secousse et sorti in extremis des décombres, alors que sa mère a péri ou encore celui d’une famille entière rescapée côté Syrien.
Cependant, la tâche des sauveteurs s’avère des plus pénibles dans cette région frontalière où il règne un froid glacial (°) frôlant les – 5 degrés Celsius) et tandis que le long travail de déblaiement se poursuit…


Les critiques ont rapidement commencé à fuser, notamment à l’adresse de Recep Tayyip Erdogan que l’on accuse d’avoir mis beaucoup trop de temps pour intervenir tandis que du côté Syrien, on a déploré le manque crucial de « bras », en témoigne le nombre dérisoire de sauveteurs, environ une dizaine faiblement outillée pour sauver quatre cents personnes coincées dans un immeuble en ruine….
Le dirigeant Turc a tenté de justifier les nombreuses lacunes du sauvetage en invoquant l’impossibilité de prévoir une telle catastrophe.


Un argument de défense qui passe mal car le nord du pays a déjà connu un séisme d’une ampleur équivalente en 1999, faisant à l’époque plus de 17 000 morts dont plus d’un millier dans l’agglomération d’Istanbul… Ce qui ne fait que renforcer le mécontentement de la population qui fustige toujours la mauvaise gestion de la crise par le biais des réseaux sociaux qui n’ont pas tardé à être censurés.


Côté Syrien, Bachar-el-Assad, en compagnie de son épouse s’est rendu dans la région d’Alep à la rencontre des victimes tout en faisant appel à la solidarité internationale, espérant bénéficier d’une trêve concernant les nombreuses sanctions économiques que subit la Syrie…
Une aide internationale qui n’a d’ailleurs pas tardé à être apportée par l’Union Européenne, l’ONU, les USA, la Chine et même l’Ukraine qui a envoyé près de 87 secouristes ukrainiens…


De toute façon, il est temps d’agir et de mettre de côté les tensions du moment, en témoignent la détresse, des milliers de sans-abris errant dans des rues jonchées de ruines et transformant certains lieux en vastes chapelles ardentes à ciel ouvert…
Et puis, il y a l’après-séisme : outre les pertes humaines catastrophiques au cœur de paysages devenus apocalyptiques, il en résulte de graves conséquences économiques pour ces deux pays frappés : des milliers d’immeubles effondrés, des entreprises dont l’activité est soudainement mise en berne sans compter la destruction partielle ou intégrale de nombreuses infrastructures que les experts chiffrent entre deux et quatre milliards de dollars…


Il est vrai que la plupart des instances internationales, à l’instar de la Communauté Européenne a promis de venir en aide à la Turquie, notamment comme cela avait été fait lors des dramatiques séismes de Haïti, d’Indonésie ou encore d’Amérique Latine.
Certains diront que les séismes touchent surtout les pays déjà marqués par le mauvais sort qui s’acharnent contre eux, tel la Syrie ou Haïti mais n’oublions que d’autres pays, y compris ceux du G7, à commencer par les Etats-Unis et sa prospère Californie qui vit dans la hantise du « Big One » qui pourrait la dévaster à jamais, du Japon et des séquelles de Fukujima dont le séisme avait provoqué simultanément un tsunami gigantesque et la grande frousse nucléaire, sans oublier nos voisins Italiens vivant à haut risque au cœur d’une zone de convergence entre plaque africaine et eurasienne…


Et en France, où nous sommes toujours enclins à penser que cela n’arrive qu’aux autres ? Rien n’est moins sûr, en témoignent les épisodes sismiques certes anciens qui ont touché les Antilles où l’on a pu enregistrer une magnitude de 8 sur l’échelle de Richter en Guadeloupe tandis qu’en Métropole, le village pyrénéen d’Arrete fut grandement endommagé lors du tremblement de terre de 1967…


De surcroît, on observe que les séismes les plus violents ne sont pas forcément les plus meurtriers car l’état de gravité d’un tremblement de terre dépend de plusieurs paramètres dont la magnitude et de la profondeur de la secousse enregistrée ainsi que de la région du globe suivi du moment où elle survient qui est caractérisé par la densité de population ainsi que le respect des normes sismiques ou pas.
L’anticipation à court terme du déclenchement de telles catastrophes reste très compliquée, mis à part le renforcement de mesures de prévention qui de toute façon n’empêcheraient pas la catastrophe de se produire mais qui pourrait toutefois en atténuer les effets…


La terre tremble parfois plusieurs fois au même endroit et à des époques rapprochées, comme ce fut le cas à Orléansville, une commune d’Algérie (alors Française) très largement détruite et rebaptisée ultérieurement El Asnam mais de nouveau victime d’une nouvelle secousse meurtrière pour être finalement reconstruite et prendre le nom de Chlef , comme pour défier des éléments naturels si hostiles…

Le facteur sonnera peut-être deux fois…par semaine


Editorial du 1er février

Ils sont encore 65 000, soit un quart du personnel de la Poste (qui paradoxalement voit ses effectifs fondre depuis des décennies) , on en a même recruté 3 200 en CDI en 2022, je fais bien sûr allusion aux facteurs, mais soulignons que ces petits nouveaux sont à présent embauchés en contrat privé car cela fait une dizaine d’années que la « maison-mère » du courrier n’en recrute plus sous le statut de fonctionnaires…


Ah, le préposé des PTT de jadis ! … souvent identifié comme une figure locale qui effectuait sa tournée quotidienne, six jours sur sept par tous les temps, souvent considéré comme un ami de la famille, à qui l’on offrait un petit coup à boire, sorte de porteur de bonnes comme de mauvaises nouvelles et que l’on ne manquait pas de gratifier au moment des étrennes…


Rappelons-nous, le facteur de Sainte Sévère (Indre) incarné par Jacques Tati dans « Jour de Fête », celui de « Poulet au Vinaigre » de Claude Chabrol, l’autre des « Visiteurs » de Jean-Marie Poiré ou encore le « Postino » des Iles Eoliennes réalisé par Michael Radford pour ne citer que quelques films qui ont mis en vedette les facteurs…


Certains ont « embrassé » la carrière tout en se faisant un nom dans un autre domaine : le plus illustre étant bien sûr Ferdinand Cheval qui construisit durant des années son « Palais Idéal » dans la Drôme, mais également Olivier Besancenot, facteur à Neuilly et candidat à la Présidentielle, Yoann Diniz, troquant sa sacoche pour un dossard de marathonien ou en encore de l’autre côté de l’Atlantique, l’écrivain jamais « à jeun », Charles Bukowski, effectuant sa tournée voire l’offrant dans un bar enfumé d’un quartier glauque…


Mais les temps ont changé lentement mais surement au fil du temps : les PTT ont disparu avec la disparition programmée des monopoles d’Etat à l’orée des années 1990 lorque la « Postale » s’est mue en société de droit privée à l’instar de sa jumelle des télécommunications devenue Orange .
Pourtant, le facteur et la factrice ont continué de remplir leur mission quotidienne à travers les moindres recoins de France et d’Outre Mare : à vélo, en auto, à pied ou équipé d’un sac à dos pesant 20 kg pendant plusieurs jours comme ce fut le cas pour l’athlétique et courageux facteur du cirque de Mafate apportant le courrier aux habitants des ilets reculés de la Réunion…


Cependant, il faut se rendre à l’évidence, l’ensemble des facteurs et factrices voient leur métier radicalement changer, du fait de la baisse vertigineuse du courrier distribué : en 1990, cette activité représentait plus de 70% du chiffre d’affaires de la Poste contre moins de 20 % de nos jours. A noter également que la majorité des tournées des facteurs a été longtemps dominée par l’envoi de courriers « J+1 » alors que dorénavant, ils représentent moins de 2 % du contenu de sa sacoche…


Dans la dernière décennie, le nombre de courriers urgents a été divisé par 14 et alors que l’on envoyait 18 milliards de lettres en 2008, on n’en compte moins de la moitié à présent et ce chiffre pourrait continuer de chuter inexorablement à court terme…
La cause de ce déclin est bien sûr liée à la « révolution numérique » et à la dématérialisation des documents (factures, lettres diverses) qui ont fini par (presque) disparaître de nos boites aux lettres qui restent de facto vides une grande partie du temps…et il est clair que depuis la crise sanitaire , ce phénomène s’est accéléré…


Alors, les facteurs sont-ils condamnés à rejoindre les lentes mais progressives « charrettes » de tous ces postiers poussés vers la sortie où dont le départ à la retraite n’est pas remplacé?.

Pas forcément, c’est du moins ce qu’affirme la direction de la Poste qui invoque plusieurs raisons : la première est que l’activité des colis et autres recommandés reste forte et nécessite cette distribution quotidienne tandis qu’une deuxième répond à l’obligation de « mission de service public » équitable et gravée dans la loi : la distribution doit être effectuée 6 jours sur 7 aux quatre coins de l’hexagone et notamment dans les zones rurales les plus reculées et dont le facteur est parfois le seul interlocuteur des populations concernées et où ses missions se sont élargies comme celles « d’aide aux formalités » où à la livraison de repas…


Si le métier de facteur n’est donc pas voué à une disparition semblable à celle que connurent d’autres corporations dans un passé récent, ce qui pourra en rassurer un grand nombre, certaines craintes subsistent néanmoins comme celle de tester une nouvelle organisation de la collecte et de la distribution du courrier qui deviendrait alternée (un jour sur deux ou un site sur deux) dans 68 sites pilotes à travers le pays comme cela est d’ores et déjà pratiqué chez plusieurs de nos voisins européens..


L’expérience promet de rester provisoire et de ne pas se généraliser, c’est du moins ce qu’affirme la Direction de la Poste qui tient à rappeler aux syndicats sceptiques que le facteur aura toujours sa tournée attribuée, tout en y apportant des modifications organisationnelles (tri, durée de la tournée) plus en adéquation avec l’évolution du marché, l’heure étant à la diversification des activités (en témoignent les nombreuses filiales crées au fil du temps qui ont pour nom : Mediapost, Chronopost, la Banque Postale, etc…).


En attendant, le facteur ou la factrice poursuivent leurs tournées, espérant secrètement continuer à sonner deux fois chaque jour et six jours sur sept sans avoir envie de chantonner la mort du petit « facteur » œuvre poétique du chanteur Georges Moustaki qui rendait hommage à celui qui venait chaque jour, les bras chargés de tous les mots d’amour et qui portait dans ses mains la fleur d’amour cueillie dans chaque jardin

Un Américain à Paris

Editorial du 18 février


 

Le samedi 18 février 1933, il a fait une apparition remarquée au Café de l’Europe, non loin de la Gare Saint-Lazare à Paris, juste après avoir traversé l’Atlantique depuis son fief d’Atlanta, dans le sud des Etats-Unis d’Amérique…

Il n’a pas été forcément accueilli pour la circonstance sur un air de Gershwin comme avait coutume de le faire pour l’arrivée d’un Américain à Paris mais probablement avec beaucoup de curiosité…


Je fais bien sûr allusion à ce fameux soda américain né en 1886 que le surnomme Coca Cola, une boisson qui n’allait pas tarder à conquérir tous les pays du monde, à l’exception notable de Cuba et de la Corée du Nord….

Ainsi, ce curieux breuvage lancé par un pharmacien Géorgien nommé John Pamberton allait donc être ingurgité avec délectation par des amateurs jusqu’alors de piquette comme de grands crus…


John Pamberton, en plus d’être apothicaire, était un vétéran de la guerre de Sécession au cours de laquelle, ce valeureux Sudiste avait subi bien des mésaventures, héritant de douleurs et blessures intolérables qu’il soulageait en se gavant de morphine, jusqu’à en devenir addict sévère. Ce qui l’incita à imaginer ce remède rédempteur dont la composition reste imprégnée de mystères, un véritable secret industriel comme pour renforcer le mythe….


Cependant, ce brave pharmacien se serait très largement inspiré du French Wine Coca inventé en 1863 par un préparateur en pharmacie originaire de Corse, Angelo Mariani qui commercialisera cette boisson tonifiante composée de vin et de feuille de coca infusés, dans la grande lignée des « vins médicaux » très en vogue à l’époque.  Ce dernier avait quitté Bastia pour s’installer à Neuilly sur Seine pour lancer son « vin Mariani » qui connaitra un succès colossal à la « Belle Epoque » tout en ayant, a une certaine époque les faveurs du Saint Père, Léon XIII !.

 

Pemberton, certainement soucieux d’échapper aux sanctions de la Prohibition mais également du risque de plagiat éliminera le vin de sa recette, tout comme ses successeurs feront disparaitre la moindre once de cocaïne tout en conservant la feuille de coca…

 

La Coca Cola Company ne va pas tarder à appliquer avec brio les lois du marketing commercial qui apparaissent au début du XXème siècle, en l’affiliant notamment aux grands évenements sportifs du moment, à commencer par les Jeux Olympiques dont elle sera le sponsor dès 1928…

En outre, afin de conquérir toujours plus des marchés porteurs , la firme d’Atlanta ne sera pas trop regardante sur son implantation dans certains pays, dont l’Allemagne, alors sous le joug nazi et d’ en faire le deuxième pays consommateur de la boisson en 1933.


Loin devant la France qui le découvre véritablement la même année bien que les premières livraisons de « baril » de coca-cola avait débarqué à Bordeaux dès 1919, grâce à l'impulsion d’un Franco-Américain, Raymond Linton, ancien soldat de la Grande Guerre et qui verra une première usine se monter dans le 15ème arrondissement de Paris dès 1920…


Mais comme chacun sait, c’est surtout à la Libération de la France en 1944-45 par les alliés américains que ce soda composé d’eau gazéifiée, de sucre, d’extrait de feuilles de coca, de caféine et du colorant E 150 plus quelques ingrédients mystérieux…connaitra un essor fulgurant dans l’Hexagone…

Le Coca-Cola débarqua ainsi avec les GI sur les plages normandes, bien qu’une once de Calvados n’aurait pas été de trop pour affronter la rudesse des combats, mais le « Coca » n’était-il pas une « fourniture de guerre » comme le proclamait le Président Franklin Delano Roosevelt ?


Sa bouteille en verre si caractéristique dont les lignes seront « relookées » par le designer Franco-américain Raymond Loewy, s’invite donc un peu partout à travers notre cher et vieux pays, ne trouvant pas d’équivalent Français, sinon Orangina, une société créée à Boufarik (alors en Algérie française) et qui ne tarde pas à désaltérer les Métropolitains, cependant happés par le rêve américain et ses symboles que sont le Chewing-gum, le Blue-Jean, les Lucky Strike ou bien sûr le Rock n’Roll…


La France continuera de construire des usines, notamment à Grigny Clamart, en Provence ou dans le Nord et qui fabriqueront 90 % du fameux soda  consommé en France, en bouteille ou sous forme de canettes et qui se déclineront en plusieurs familles de produits (light, zéro, fraise, etc…) étant distribuées dans plus de 400 000 points de vente en France…


De nos jours, près de 3 000 employés hexagonaux travaillent pour la firme « US » qui tente de sur le côté « Made in France » tout en tentant de répondre aux grands enjeux de demain, en effectuant au passage de nombreux « contrôles qualité sur ses chaines de production,  tout en réduisant son empreinte environnementale et en optimisant le transport de marchandises…

 

Ceci dit, le Coca-Cola Made in France n’est pas exempt de nombreuses critiques notamment sur les risques que comporte une consommation excessive d’un breuvage dont les rumeurs de composition continuent d’alimenter les polémiques…

90 ans après la première bouteille servie au Café de l’Europe, le consommateur français affiche 23 litres au compteur annuel soit deux fois moins que le buveur d’Outre-Atlantique…

On l’aura compris, du Coca oui mais avec modération, alors vous prendrez un peu de Coke pour la route ? C’est vrai, c’est de mauvais goût au vu du fil de l’actualité, mais celui-ci est bien moins meurtrier que celle qui inonde actuellement notre espace médiatique jusqu’à la lie….