Le 1er mai, fais ce qu'il te plait...
Ce Premier mai 2023 se promettait d’être une journée de contestation massive à travers toute la France, la 13ème concernant la demande de retrait du projet de réforme des retraites, bien que celle-ci ait été promulguée comme chacun sait.
Mais c’était sans compter sur l’opiniâtreté des leaders syndicaux toujours unis sous la bannière de l’intersyndicale et de nombreux manifestants toujours aussi hostiles et qui ne comptent pas « lâcher l’affaire ».
Cependant, de nombreuses manchettes de presse ont titré : « 1ER mai, baroud d’honneur ? » tant un renversement de situation, sauf élément exceptionnel parait plus qu’improbable.
Pourtant, les défilés ont été un joli succès, en témoigne la forte mobilisation partout en France, bien supérieure à l’an dernier qui atteindrait les 2,3 millions (dont près d’un quart à Paris) selon la CGT mais moins de 800 000 selon le ministère de l’Intérieur.
Comme d’habitude, on a pu constater de nombreux défilés pacifiques mais malheureusement émaillés de plusieurs incidents de violence provoqués par des fauteurs de trouble radicaux venant ici aussi bien pour affronter les forces de l’ordre que de « pourrir » le côté démocratique de l’évènement.
La France célèbre donc ce « 1ER mai » comme la fête du « Travail » ou des « travailleurs » comme aiment à le rappeler les dirigeants syndicaux, perpétuant ainsi une tradition née de l’autre côté de l’Atlantique, un certain 1er mai 1886, lorsqu’à Chicago étaient organisées des actions collectives en faveur de la journée de travail de huit heures et qui porta ses fruits car un grand nombre de travailleurs obtinrent alors satisfaction.
A contrario, une forte minorité fut lésée et se mit en grève pour faire plier leur employeur mais les manifestations dégénérèrent et provoquèrent la mort de trois grévistes, suivie par l’explosion d’une bombe lancée par des militants anarchistes qui causa cette fois-ci la mort d’une quinzaine de policiers.
La répression s’avèrera terrible et les auteurs des méfaits furent condamnés à de lourdes peines : prison à perpétuité pour certains voire à la peine capitale pour d’autres, malgré des preuves de culpabilité mal établies.
En souvenir de ces tragiques évenements, une « journée internationale des travailleurs » verra le jour à travers le monde dès 1890, à commencer par la France. D’ailleurs, l’année suivante, à Fourmies (Nord), un nouveau drame se produira, pour donner suite à l’affrontement entre la troupe armée et la foule pacifique qui fera plus de dix morts mais qui inscrira désormais dans le marbre cette « tradition du 1er mai » symbole de la lutte du monde ouvrier.
Curieusement, ce 1er mai est devenu également la fête de Saint Joseph Travailleur décrétée par le Pape Pie XII en 1955 qui tenait à célébrer ce bon charpentier de Nazareth, père nourricier de Jésus et époux de Marie le même jour que la fête laïque du travail et ainsi prouver que l’Eglise était bien aux services des travailleurs et non des puissants » (sic).
N'oublions pas que ce 1er mai rime avec muguet et ce, depuis ce jour du 1er mai 1560 où le roi de France Charles IX se vit offrir un brin de muguet, lors d’une de ses visites dans la Drôme, car il était d’usage à l’époque de proposer un tel présent afin de chasser la malédiction de l’hiver. Ce qui incita le monarque à créer la « Fête du muguet ». Sous la Révolution, l’églantine rouge se substitua au muguet.
Au fil du temps, notamment lors des premiers défilés du 1er mai « fête du Travail » en 1890, les manifestants arborèrent plutôt un triangle rouge à la boutonnière, symbolisant le travail, le sommeil et les loisirs avant de revenir au muguet au début du XXème siècle.
Une « fête du Travail » chômée et qui sera exceptionnellement payée en 1920, un an après que le Parlement ait voté la journée de travail de 8 heures et quatorze ans après la création du « Ministère du Travail » sous l’égide de Clémenceau…
Le Régime de Vichy récupéra l’évènement en 1941 en désignant le 1er mai comme la « Fête du Travail et de la Concorde sociale » avec le dessein de rallier le monde ouvrier, opération d’ailleurs menée par un ancien Cégétiste rallié au Pétainisme.
En outre, la Radio officielle de l’Etat Français aimait à rappeler que le 1er mai coïncidait avec la fête de Saint Philippe, prénom que portait le vieux Maréchal et qui sera ultérieurement célébré le 3 mai (je confirme, ndlr).
C’est en 1947 que le 1er mai deviendra un jour chômé et payé, se transformant en véritable « jour férié » en France et dans d’autres pays à travers le monde.
En URSS, il sera synonyme de vaste « défilé » sur la Place Rouge, à tel point que les Américains, ont supprimé ce jour de leur calendrier, synonyme de « fête communiste » alors qu’ils en avaient été les pionniers dès 1886. !.
Des Communistes français qui continuent, malgré leur inexorable déclin à remplir les caisses du Parti grâce à la vente du muguet, comme au bon vieux de leur prospérité électorale, avec probablement un doux parfum de nostalgie.
Ailleurs on continue d’organiser des « fête du Muguet » élisant leur Reine et ou encore des « tournois sportifs du muguet ». Ainsi, au 1er mai, fais ce qu’il te plait, comme dit l’adage…
C’est l’histoire d’une coquette ville balnéaire située sur la Côte d’Azur qui depuis 1946 a les projecteurs braqués sur elle le temps d’un festival de cinéma qui dure une dizaine de jours, pendant la deuxième quinzaine de mai.
Effectivement, Cannes, chef-lieu de canton des Alpes-Maritimes, situé à 25 kilomètres au sud-ouest de Nice organise du 16 au 27 mai, son 76ème festival cinématographique, l’un des trois plus grands du genre avec ceux de Venise et de Berlin mais que beaucoup d'observateurs considèrent comme le plus prestigieux.
Cette ville prospère et dynamique de 75 000 habitants voit alors sa population tripler pendant le festival. Cette année, on attend un peu plus de 35 000 festivaliers, quelques 4 000 journalistes, des plateaux télé consacrés à l’évènement. Bref, vous l'avez compris: être présent à Cannes à cette époque est un « must » comme on dit dans le jargon professionnel.
Cannes est indissociable de sa Croisette en front de mer et de son palais des festivals où seront projetés les 21 films de la sélection officielle 2023. Comme chaque année, un président du Jury décernera à l’issue de la compétition, la fameuse « Palme d’Or » (la palme étant l’un des symboles de la ville).
Cette année, c’est le réalisateur suédois Ruben Ostlund, qui aura la lourde charge de remettre ce fameux trophée qu’il a d’ailleurs reçu personnellement deux fois, en 2017 et l’an dernier.
Mais Cannes, ce n’est pas que la sélection officielle, c’est également un véritable « forum du cinéma », en témoignent les nombreuses sections connexes, à commencer par la "Quinzaine des Réalisateurs", la "Semaine de la Critique", "un certain regard" ou encore le" Marché du Film" : il est clair que l’on y vient aussi bien pour assouvir sa passion cinéphilique, réveler de nouveaux talents que pour y faire des affaires…
Depuis l’origine, un Conseil d’administration de l’Association Française du Festival international du film nomme un Président ou une Présidente, comme c’est le cas cette année pour la juriste allemande Iris Knobloch qui vient de succéder à l’incontournable Pierre Lescure, ancien patron de Canal Plus, la chaîne cryptée toujours présente sur la Croisette.
Et puis, c’est bien sûr un Délégué Général, en l’occurrence Thierry Frémaux, lui-même ayant succédé au non moins incontournable Gilles Jacob, qui choisit les films de la sélection, doté d’un appétit cinématographique pantagruélique et blindé contre les inévitables critiques concernant ses choix aussi bien en matière de films que d’invités sujets à des polémiques…
C’est la règle du jeu, comme aurait dit Jean Renoir, car Cannes sans polémique ne serait plus Cannes, sans oublier une petite dose de scandale comme ce fut le cas lors de certaines éditions précédentes.
Une fois encore, cela s’est confirmé, lors de la cérémonie d’ouverture avec la présence contestée de Johnny Depp et de la réalisatrice Maiwenn Lo Besco, tous deux accusés d’être des « agresseurs » à qui on déroule le « tapis rouge », le premièr suite au procès retentissant qui l’a opposé à son ex-femme Amber Head et la seconde à une plainte récente concernant un acte violent envers le journaliste Edwy Plenel dans un restaurant parisien.
0n n’oublie pas non la présence d’Adèle Haenel, ancienne actrice prometteuse en rupture de ban avec le monde du 7ème art dont elle dénonce les dérives machistes et sa complaisance envers les agresseurs sexuels et venue ici pour « politiser » le débat.
Une attitude qui n'a pas été du goût de Thierry Frémaux, ce dernier devant également batailler ferme pour empêcher certains syndicalistes de la CGT qui menaçaient de « couper le courant » lors des projections, mais qui continue de croiser les doigts pour espérer que la compétition puisse se dérouler dans les meilleures conditions possibles, Cannes constituant une « période de trêve » au cœur d’une période agitée.
Mais la cité Azuréenne , c’est aussi la persistance de la magie du Cinéma et un ’hommage appuyé à tous ses artisans : en témoigne la cérémonie d’ouverture présidée par Chiara Mastroianni, dont les deux parents ont été des protagonistes marquants de l’histoire du festival : son père Marcello, entré dans la légende avec « La Dolce Vita » de Federico Fellini qui reçut la Palme d’Or en 1960 et sa mère Catherine Deneuve, d’ailleurs présente aux côtés de sa fille qui elle, participa quant à elle à l’aventure des « Parapluies de Cherbourg » de Jacques Demy en 1964 qui remporta également le trophée.
Un autre « fils de » mais qui a également su se faire un prénom « Michael Douglas »qui a reçu une « palme d’or d’honneur » et tenu à rendre hommage à un festival dont il est un habitué de longue date, le décrivant comme le meilleur endroit du monde pour parler de cinéma.
Dès à présent, durant cette dizaine de jours, Cannes va donc vivre au rythme d’un festival aux multiples facettes qui continuent de promouvoir un 7ème art qui aura connu naguère son âge d’or et qui est à présent fortement concurrencé par les plateformes de streaming.
La crise sanitaire avait également mis en berne le monde du cinéma, des réalisateurs aux exploitants de salle jusqu’à ne pas pouvoir organiser le festival en 2020 et malgré une reprise notable, tous les voyants ne sont pas au vert…
Mais Cannes a connu d’autres crises dans le passé, comme à l’époque de l’essor du « petit écran » en l’occurrence la télévision qui s’est invitée dans les ménages français ou d’ailleurs, vidant au passage les salles obscures dans les années 60/70.…
Cependant, la même télévision n’a cessé de faire la promotion du festival, en commentant ou en filmant l’actualité et ce, très rapidement comme le firent naguère les journalistes François Chalais (et son ex-femme et complice) France Roche entre 1954 et 1971 avec « Reflets de Cannes » et que continuent à faire avec brio leurs successeurs sur les chaines de télé devenues multiples…
Sur la Croisette comme dans les environs, les « rumeurs » vont aller bon train, au fur et à mesure des projections de la sélection officielle du futur palmarès, que les membres du jury et son président devenus mutiques se garderont bien de divulguer…
Finalement, on verra comme par le passé, des films accueillis avec ferveur et enthousiasme et d’autres parfois hués. Certains des lauréats boosteront leur carrière, d’autres tomberont assez vite dans l’oubli.
Ainsi voici une histoire qui perdure depuis 1946, avec quelques accidents de parcours comme en 1968 où le festival fut interrompu pour cause de France en ébullition ou comme nous l’avons mentionné en 2020 car le COVID sévissait sur le pays.
On peut même remonter plus loin en 1939, où le premier Festival de Cannes aurait dû voir le jour mais qui fut annulé pour cause de déclaration de guerre !
Sur l’écran noir de nos nuits blanches, nous continuerons à suivre l’actualité de Cannes et nous pourrons ainsi rétorquer « cinéma pas encore mort, Monsieur Godard » contrairement à ce qu’avait prédit le trublion de la Nouvelle vague et cinéaste à l’aura internationale que Cannes avait d’ailleurs récompensé quelques temps avant sa disparition…
LE TOIT DU MONDE
C’est un sommet qui culmine à 8 849 mètres, le plus haut de la planète, au cœur de la Chaine de l’Himalaya, situé en le Népal et le Thibet occupé par la Chine.
Son nom local est le Chomolungma mais on le connait plutôt sous le nom de mont Everest, portant le nom d’un géographe britannique qui fit de nombreux relevés cartographiques dans ces parties reculées d’Asie dans la seconde moitié du XIXème siècle.
A l’aube du siècle suivant, personne ne l’avait conquis et beaucoup doutaient de la possibilité de le faire un jour, au vu des nombreuses difficultés tant climatiques que techniques qu’il présentait…
Pourtant, au lendemain de la Première guerre mondiale, les avis changèrent et son ascension rentra dans l’ordre du possible et les premières expéditions virent le jour.
Michael Mallory, jeune alpiniste britannique a qui on demandait la raison de son engagement dans cette aventure aussi risquée que périlleuse pour atteindre le « toit du monde » donna une réponse rentrée dans l’Histoire de l’Alpinisme « parce qu’il est là ! ».
On connait l’histoire tragique de Mallory et de son complice Irvine, disparus en 1924 non loin du sommet sans que l’on sache vraiment s’ils avaient réussi à l’atteindre. Le corps de Mallory fut toutefois retrouvé 75 ans après mais aucun indice (drapeau, photo) pour constituer la moindre preuve.
Il faudra attendre la 9ème expédition menée par les Britanniques pour enfin pouvoir atteindre le sommet : c’est le 29 mai 1953 que Edmund Hillary, un apiculteur néo-zélandais et Tensing Norgay, un sherpa népalais entrèrent dans l’histoire en s’imposant comme les conquérants du plus haut sommet de la Terre.
La nouvelle de leur exploit fut relaté le 2 juin en coïncidant avec le couronnement de la reine d’Angleterre Elisabeth II et connut aussitôt un retentissement international.
Edmund Hillary fut anobli par la Reine et le Sherpa Tensing devint un véritable héros dans son pays. Le premier expliqua leur succès grâce à la « solidité » de leur duo et vanta les mérites de son partenaire, auparavant déjà compagnon de cordée et qui lui laissa la primeur d’arriver le premier au sommet.
Tout le reste de leur existence, les deux hommes continuèrent à défendre les vertus de l’Alpinisme tout en condamnant, à l’instar d’Hillary, la « marchandisation » et le manque de professionnalisme de certaines expéditions ultérieures.
Mais une autre question anima d’emblée le « grand public » pourquoi « grimper » à tout prix au risque de sa vie, en devenant en quelque sorte des « Conquérants de l’inutile » ? Comme l’avait écrit Lionel Terray, une autre légende de l’Alpinisme, qui participa avec Maurice Herzog et Louis Lachenal à l’ascension sous les couleurs tricolores du 1er « 8000 » celui de l’Annapurna en 1950, marqué par un exploit sportif sans précédent mais très éprouvant physiquement pour ces auteurs.
La réponse donnée à cette volonté de connaitre « l’ivresse des cimes » probablement aussi forte que celle de « l’appel du large » des navigateurs réside dans le fait qu’elle est motivée par le goût de l’effort physique mais aussi par celui du risque, l’épanouissement personnel et bien sûr le partage de l’aventure avec des compagnons de cordée.
On pourra rajouter une certaine propension à la contemplation, au plaisir de l’œil que suscite la beauté de la montagne. Cette montagne qui n’est pas l’infini mais elle le suggère, comme le déclarait le photographe Marcel Ichac, membre de l’expédition de l’Annapurna.
Parmi les quatorze sommets de plus «8 000 mètres » que compte la chaine de l’Himalaya, l’Everest n’est pas considéré comme le plus difficile ni même le plus dangereux comme peut l’être le «K2 » situé à la frontière sino-pakistanaise.
Cependant, ce n’est pas pour autant une « promenade de santé », car nécessitant de longues périodes de préparation, une logistique et des moyens financiers importants, une pratique de l’alpinisme confirmée sans oublier bien sûr le problème crucial et obsédant de l’oxygène sont nécessaires pour réussir son ascension qui demeure extrêmement difficile et qui continue à faire des victimes….
Parfois, c’est une infime partie du parcours qui peut vous faire réussir tel le « ressaut Hillary » cette paroi rocheuse de 12 mètres toute proche du sommet que l’alpiniste Néo-Zélandais parvint a « dompter » et qui le fit entrer dans l’Histoire en compagnie de son binôme Népalais…
Depuis, la conquête de l’Everest a pu se décliner de différentes façons : en solitaire, en courant, sans oxygène, avec une équipe entièrement féminine. Le premier Français à parvenir au sommet en 1978 fut un ministre de Giscard : Pierre Mazeaud, autant connu comme constitutionnaliste que comme alpiniste…
70 ans après, la conquête de l’Everest continue donc de fasciner et d’attirer des vocations car les « conquérants de l’inutile » se transmettent le flambeau de générations en générations, spectateurs privilégiés sur le "Toit du monde"….